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J'ai mis en ligne hier sur "X" un long post concernant le fait que la réquisition contre Marine le Pen n'est pas une surprise pour qui connaît un peu la manière de procéder de la République française. 

GéronimusIII ayant estimé que "ça mériterait d'être posté sur le site des Patriotes solidaires", le voici... Merci à ceux qui iront jusqu'au bout !!! 


L'annonce de la possible condamnation de Marine le Pen et de son inéligibilité pour 5 ans semble surprendre un certain nombre d'électeurs qui de ce fait crient, à juste titre d'ailleurs, au scandale et au vol démocratique. Chers amis, me permettrez-vous néanmoins d'allumer les projecteurs sur la scène de votre touchante naïveté ? Je vais tenter de faire court, d'autant que le sujet est largement développé dans mon livre, en particulier dans les Tomes 2 et 3. Mais bon, comme ils ne sont pas encore parus et que l'actualité dicte sa loi, je mets en ligne ce post qui se veut un bref rappel historique... 

1302 : Philippe le Bel convoque pour la première fois ce que l'on nommera plus tard les États Généraux. Il souhaite en effet avoir pour ses réformes le consensus le plus large possible. Pour ce faire, il demande au Clergé, à la Noblesse, et à la Bourgeoisie (c'est-à-dire ceux qui dans les Bourgs sont le moteur de l'activité économique), de choisir des députés. Le monde rural, soit 90% de la population, est exclu de la convocation. Mais il n'y faut voir nul mépris : les paysans sont en effet illettrés et ne parlent que leur patois local. 

C'est la raison pour laquelle Anne de Beaujeu, qui assure la régence à la mort de Louis XI, décide d'instaurer les cahiers de doléances lorsqu'elle convoque les États Généraux de 1484 : qu'ils ne puissent être députés par illettrisme ne doit pas interdire que soient prises en compte les doléances et les requêtes des paysans, qui pourront les dicter à quelqu'un sachant écrire. Point important : Anne de Beaujeu impose aux députés le mandat impératif : cela signifie que leur est faite obligation de porter à la connaissance des États Généraux les doléances de leurs circonscriptions, terme anachronique puisqu'elles ne s'appelaient pas ainsi, mais tout le monde aura compris. Ainsi, dans les cahiers de 1484 les paysans se plaignent du triplement de la taille sous le règne de Louis XI. Prenant en compte cette doléance, les États Généraux décidèrent la diminution de quatre millions de livres à un million et demi du montant de la taille. Point remarquable : tous les députés, membres du Clergé, de la Noblesse, de la grande bourgeoisie, étaient, pour des raisons historiques différentes, exemptés du paiement de la taille. Ils n'étaient donc pas concernés. 

En un mot : démocratie. 

Venons-en aux États Généraux de 1789, puisque c'est là que tout bascule. Il faut savoir avant toute chose que les députés du Tiers-État sont élus par un suffrage à deux niveaux, trois dans les zones les plus peuplées, sur un mode censitaire. En clair, ne siègent que des membres de la grande bourgeoisie, essentiellement des magistrats au sens large et des grands négociants. Quasiment toutes les grandes gueules de la Révolution sont des avocats. Prémisses du mur des cons. 

Le 17 juin 1789, lors de la réunion séparée des députés du Tiers, je passe les détails, Sieyès estime que l'assemblée étant « composée des représentants envoyés directement par les quatre-vingt-seize centièmes au moins de la nation... » doit prendre le nom d'Assemblée nationale, écrire les lois et décider des institutions. En un mot : coup d' État institutionnel. 

Sieyès a presque raison sur un point : le Tiers-État représente non pas 96% de la population, mais 99%. Cependant il ment, et il le sait, lorsqu'il affirme qu'ils sont envoyés directement par la nation, puisqu' issus d'un scrutin censitaire. Mais surtout, le mandat impératif est remplacé par le mandat représentatif : plus de cahiers de doléances. Les députés écriront et voteront les lois « au nom du peuple », expression promise à un bel avenir. « Duperie nécessaire », dira Sieyès. 

Le 23 juin 1789, cette Assemblée nationale autoproclamée telle par les députés du Tiers-État le 17 juin, soit six jours plus tôt seulement, promulgue un décret sur l'inviolabilité des députés, instaurant le crime de lèse-député : « L'Assemblée nationale déclare que la personne de chacun des députés est inviolable ; que tous particuliers, toute corporation, tribunal, cour ou commission, qui oseraient, pendant ou après la présente session, poursuivre, rechercher, arrêter ou faire arrêter, détenir ou faire détenir un député pour raison d'aucune proposition, avis, opinion ou discours par lui fait aux États-Généraux ; de même que toutes personnes qui prêteraient leur ministère à aucun desdits attentats, de quelque part qu'il soit ordonné, sont infâmes et traîtres envers la nation, et coupables de crime capital. L'Assemblée nationale arrête que, dans les cas susdits, elle prendra toutes les mesures nécessaires pour faire rechercher, poursuivre et punir ceux qui en seront les auteurs, instigateurs ou exécuteurs.» 

On comprendra ainsi pourquoi Mélenchon, qui connaît parfaitement l'Histoire de France, hurlera « Ne me touchez pas ! Ma personne est sacrée » lors d'une perquisition. 

22 décembre 1789 : les députés votent la loi définissant la citoyenneté qui introduit une classification des citoyens en 4 catégories selon le montant de l'imposition. Pour être élu député et juge, il faut s'acquitter du montant le plus élevé requis et être propriétaire foncier. Être dans la catégorie du bas fait de vous un citoyen passif, dépourvu de tout droit à la vie civique. On y trouve ceux ne pouvant payer un impôt correspondant à un minimum de trois journées de travail, les sans-domiciles fixes depuis plus d'un an, les domestiques, les femmes quels que soient leurs revenus. Rappelons que les mêmes avaient applaudi 4 mois plus tôt à l'inénarrable « tous les hommes naissent et demeurent égaux et patati et patata... » 

1791 : première élection des députés au suffrage dit universel, c'est-à-dire selon les règles précédentes, le choix étant formulé à voix haute devant les « gardiens de la Révolution » qui veillent au bon déroulement du scrutin. Bilan : 28 000 000 d'habitants, 700 000 votants. Victoire triomphale des députés révolutionnaires. Étonnant, non ? 

1795 : la Convention, chambre unique, est remplacée par deux chambres à l'anglaise, le Conseil des Cinq-cents et le Conseil des Anciens, renouvelables par tiers tous les ans. Comme le désenchantement et la misère ont très vite remplacé la carmagnole, l'arrivée d'une majorité royaliste est annoncée inévitable. Qu'à cela ne tienne, il sera décrété en août que deux-tiers des futurs députés devront obligatoirement être issus de la Convention. Légitimement, les royalistes estimeront que les élections leur sont volées (eh oui, déjà...) et descendront dans la rue où ils seront accueillis par les canons d'un dénommé Bonaparte dont ce sera là le premier haut fait et l'occasion de sa rencontre avec Murat. 

1797, instauration du suffrage universel masculin, la seule condition exigée, hormis le sexe, étant l'âge. Cette fois cinq millions de français se déplaceront, mais ils auront le mauvais goût de porter dans les Conseils une majorité royaliste. Sous un prétexte fallacieux, les élections seront annulées. 

Sous Louis XVIII, la Charte introduisit un bicamérisme : une Chambre des Pairs, ancêtre de notre Sénat, et une Chambre des députés élus au suffrage masculin censitaire : un minimum de trois-cents francs au titre de la contribution directe était requis pour être électeur, mille pour être éligible, ce qui, compte tenu du taux d'imposition de l'époque correspondait à un revenu annuel minimal de 4 300 francs pour les premiers et de 14 300 pour les seconds ; à titre de comparaison, un domestique gagnait 500 francs par an. Autrement dit, ceux qui avaient pris le pouvoir le 17 juin 1789 étaient assurés de le conserver. 

Et la suite prouvera, lorsque les plus humbles oseront remettre en question la légitimité de ces « élus du peuple », que ces derniers n'eurent jamais l'intention d'abandonner la place ni même de la partager avec plus pauvre qu'eux : 

Le détournement de la volonté du peuple qui refusa par le référendum de 2005 le projet de Constitution européenne par l'adoption en 2008 du même texte renommé traité de Lisbonne par les « élus du peuple » s'inscrit ainsi en droite ligne de tout ce qui vient d'être rappelé. 

Comme s'y inscrivent en droite ligne l'affaire Fillon, et désormais l'affaire Marine le Pen. Il n'y a là rien de nouveau sous le soleil de la République française. Rien qui ne soit dans son ADN. 

Il faut bien comprendre que « au nom du peuple » signifie « à la place du peuple », et même, de plus en plus, « contre le peuple ». Démocratie et démocratie représentative sont antinomiques. Notre suffrage universel n'est que l'art et la manière de faire croire aux moutons qu'ils détiennent les clés de la bergerie. Le Français lambda peut sans doute être élu dans une commune de 2 000 habitants où il y sera connu, mais maire d'une ville de 200 000 habitants ou député, il ne le sera pas sans avoir avec lui les moyens financiers et logistiques d'un parti. On est donc toujours, pour être élu, dans un suffrage censitaire. Il faut donc être clair : il n'y a jamais eu en République française de souveraineté populaire. Sauf peut-être sous de Gaulle. Mais là aussi, tirons le bilan : de Gaulle est entré dans l'Histoire de France par le tragique, pas par les élections, et il en fut sorti par le suffrage universel en 1969. 

Depuis, de quel Grand Homme le suffrage universel fit-il un Chef d'État ayant la France chevillée au corps et à l'âme ? 

Pensez-y... 

Concluez ce que bon vous semble de ce long post. Personnellement, j'ose affirmer que ceux qui sont aux commandes depuis 1789 ne seront pas délogés par les élections, surtout désormais dans le cadre de la mondialisation, puisque ce sont eux qui les ont instituées pour être justement certains de ne pas être délogés. Il faut bien comprendre que tout révolutionnaire s'assure toujours en priorité de verrouiller le système afin que ne puisse lui être joué le tour qu'il vient lui-même de jouer à ceux dont il a usurpé la place. 

Gardez ce post encore trois ans. Vous pourrez ainsi le relire au lendemain des élections de 2027, à moins qu'une fois de plus vous n'y alliez du sempiternel « ce sera pour la prochaine fois ! »

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